dimanche 22 avril 2018

22 avril 1988, Ouvéa

Hier, à Ouvéa, la tribu de Gossanah a inauguré une exposition et « un espace de parole » ouverts jusqu’au 5 mai. Aujourd’hui, à Fayaoué, les présidents, du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, du Sénat coutumier, le député de la circonscription (Nouméa et les îles), le haut-commissaire ont déposé une gerbe à la gendarmerie attaquée le 22 avril 1988 par une soixantaine d’indépendantistes. Quatre gendarmes sont tués, le lieutenant Florentin est très grièvement blessé et évacué en Australie. 25 mobiles et deux territoriaux sont prisonniers. Ils sont séparés en deux groupes. Le premier se rend dans le sud de l’île. Ces otages seront libérés au bout de trois jours. Les 16 autres otages conduits au nord, dans une grotte située près de la tribu de Gossanah, ne seront libérés que le 5 mai, après un assaut des forces de l’ordre. Curieusement, l’opération Victor est menée par des hommes du 11ème choc (aujourd’hui service action de la DGSE), les commandos Hubert (Marine) et le GIGN. Deux militaires du 11ème choc sont tués. Côté indépendantistes, on compte 19 morts. Aussitôt après l’assaut, le ministre des territoires et départements d’outre-mer, Bernard Pons (RPR) tient une conférence de presse au haut-commissariat et annonce 15 tués chez les preneurs d’otages. Dans un livre écrit en 1989, Opération Victor (http://www.editionsuniverselles.fr/divers/operation-victor) je raconte ainsi, me trouvant à Ouvéa : «  Le dimanche 8 mai (jour du deuxième tour de la présidentielle), les cercueils des 19 sont rassemblés à la tribu de Wadrillah, dans la pièce centrale de la mairie. (…) Lors des obsèques, dans la foule, circulent les premières informations d’exécutions sommaires ». Le 26 juin suivant, sous l’égide du Premier ministre Michel Rocard, « loyalistes » et indépendantistes signent à Paris les accords de Matignon qui mettront un terme à des années douloureuses. Texte qui prévoit, également, une amnistie générale.
Le président de la République doit se rendre début mai en Nouvelle-Calédonie. Il espère, le 5 mai, aller à Ouvéa…